Tagong

A 3700 mètres d'altitude, Tagong est un village réputé pour le tourisme, avec ses grandes prairies aux airs de Mongolie. Nous nous y rendons avec Matan et Naama, dans l'optique de réaliser notre premier trek, à proximité de la montagne sacrée Yala (5825m).

Nous nous heurtons de nouveau au problème d'absence de carte... et partons en quête d'informations auprès des locaux. Or, il se trouve que les mimes de tibétains concernant des randonnées sur plusieurs jours, avec des passages de cols à 4900m et des nuits à -10°C, ne suffisent pas.

Par chance, nous tombons sur Gongga, the tibétain anglophone de la région, qui nous apporte des indications plus précises : nous nous en tiendrons aux randos à la journée! Il n'y a plus de nomades dans le secteur à cette période de l'année, donc pas de possibilité de dormir à l'abri.

Notre belle petite auberge

Après les tibétains, la minorité principale de Tagong, juste devant les israeliens

Après une première journée de recueil d'informations, de thé tibétain, et de potato momo's, notre première rando nous mène à un beau monastère en plein dans le Tagong grassland, la pampa tibétaine, au pied du Mt Yala. Une belle petite marche d'acclimatation, fort agréable en compagnie de nos amis israeliens. Yaks, chevaux, vautours, moines et nones sont nos confrères durant cette journée, le tout sous un magnifique ciel bleu.

Les vautours, en nombre dans la région. Celui-là fera un joli cadeau à Guy, en exécutant un virage à 180° juste 3m au dessus de sa tête, en haut d'une des collines bordant Tagong

Le Tagong grassland typique

La chaîne du Zhara Latse, ou Mt Yala

Ani Gompa, nun monastery en tibétain

Le temple est une cathédrale de bois et de blanc ensoleillés, magnifiquement épurée

Le troisième jour, on décide de se rapprocher du Mt Yala au plus près. Compliqué... Au programme : 2h de shared minivan, dépose des affaires dans un temple voisin pour la nuit à venir, une supposée très longue randonnée jusqu'au lac sacré au pied de la face nord de cette belle montagne aperçue la veille. Un pique-nique à la mode israelienne, c'est-à-dire de la grande cuisine ambulante : entrée, plat (du riz à la sauce tomate!), dessert, café. Puis retour en stop avant la nuit au monastère... Le programme est tendu, pour ne pas dire impossible.

En avant toute!

A peine quittée la route, à peine descendus du minivan, même pas encore entrés dans la vallée, on tombe nez-à-nez avec un loup qui déboule et s'arrête net en face de nous sur le chemin (les locaux nous ont bien dit qu'il y avait des ours, mais pas de loup... impossible... faut dire qu'ils ne connaissent pas si bien leurs terres). A environ 10m de nous, le face-à-face est impressionnant : le regard est figé, glacial. Même sans qu'il ne bouge un croc, on ressent instantanément toute sa puissance et son caractère sauvage. Pas le temps de dégainer le moindre appareil photo, il nous quitte aussi vite qu'il est apparu, nous laisse reprendre notre respiration, et le cours de notre "Arbataca" (l'aventure en hébreu).

Magique.

Nous reprenons donc notre chemin, ou plutôt nous le commençons. Après 10m de marche à pieds bien mérités, un gros pick-up blanc flambant neuf nous interpelle : ce sont des touristes chinois qui vont eux aussi pique-niquer au lac Yala. Décevant, mais tellement inespéré! On embarque tous les 6 à l'arrière, pour une bonne heure de rodéo dans la vallée.

Pour vous donner une idée de la qualité des informations données par les locaux : selon eux, il n'y a pas de loups dans la région, vous n'arriverez pas à trouver le "sentier" dans la vallée, et personne n'est sensé passer dans cette vallée reculée. Le pire, c'est qu'ils n'avaient même pas de guide à nous vendre, leur sincérité n'est donc pas à mettre en cause.

Au final, il y a bien des loups, le sentier s'avère être une route en terre empruntée par nombre de véhicules de touristes chinois (même par des berlines familiales!), le lac n'est plus qu'à 30min de marche... et c'est d'ailleurs une véritable poubelle! Ils avaient cependant raison sur l'absence d'abri pour la nuit, merci les gars!

L'autre révélation est celle concernant le tourisme chinois en montagne : l'ingrédient principal est le 4x4 (ils en sont fous, le prennent en photo, le promène jusqu'en haut des sommets, et sont exténués dès qu'ils en sortent), le second la nourriture chinoise embarquée puis débarquée sur place (Sonam - employé du Zhilam Hostel de Kangding, tibétain pur sang originaire de Tagong, et sosie de Karim Benzema -, nous parlera à notre retour des 30 tonnes de déchets qu'il rammasse pendant un mois avec son association après chaque saison touristique).

Le désormais court chemin vers la lac sacré au pied du Mt Yala

Le temple où nous ne passerons finalement pas la nuit

Après notre pique-nique 4 étoiles et notre retour anticipé pour s'adapter au rythme du touriste chinois, on décide en parfait consensus de mettre les voiles le lendemain par le premier bus.

Tagong est un endroit magnifique, c'est sûr. En revanche, si l'on veut de l'aventure, et marcher pour mériter ces merveilleux paysages, il faut prévoir un très bon sac de couchage, une tente, des provisions, et la fameuse application android des cartes militaires soviétiques (ou à défaut, quatre fois plus de provisions et venir en été, quand les nomades sont toujours nomades). Nous aurons tout de même appris beaucoup de chose sur le voyage au Tibet, côté pratique, ce qui nous servira énormément pour la suite. On aura aussi passé de fabuleux moments avec Kaméa, Noam, Matan et Naama, ce qui valait bien le déplacement!

Kaméa et Noam, rencontrés à Tagong